Les 4 villages
Colombier
Le nom de Colombier évolue au cours de l’histoire : Colonberio en 987, Colomberium en 1005, puis Columbie en 1228, pour être finalement fixé en 1911, par décision communale.
Dès le 10ème siècle, cette petite bourgade est connue pour avoir accueilli le mariage de Berthe de Souabe et de Hugues d’Arles, roi d’Italie, en 938. Cette alliance ayant marqué le quotidien des villageois de l’époque, deux épisodes de la vie de la reine Berthes sont représentés sur les vitraux de l’église où la cérémonie eut lieu.
Plus tard durant le Moyen-Âge, Colombier fait partie des terres de Vuillerens, qui relève de la baronnie de Cossonay, tout comme le village de Saint-Saphorin-sur-Morges. La première grande famille seigneuriale connue est celle d’un certain Girard, seigneur de Villars-le-Terroir, vers 1222. Quant au plus célèbre de ses descendants, il s’agit de Henri de Colombier, seigneur de Colombier, de Vullierens et de Vufflens-le-Château. Dans ce dernier village, il édifie le château de Vufflens, bien connu de nos contemporains.
Toujours à propos de château, celui de Colombier est construit vers 1500 par Jean Donat de Colombier, avant d’être remanié aux 17ème et 18ème siècles. De la construction d’origine, restent une partie de l’enceinte et la tour heptagonale de l’escalier, un joyau architectural. À l’intérieur de ladite tour, les restes d’une fresque représentant un pape avec sa tiare sont encore visibles. Il s’agit vraisemblablement d'Amédée VIII de Savoie, élu en 1439 sous le nom de Félix V, et dont Henri de Colombier fut l’ami et le conseiller.
Echichens
D’origine burgonde, le nom d’Echichens (Chichens, Eschichens Eschichien, Echichens…) est probablement une déformation du germain Kvikva, qui signifie « vif, rapide, hardi ».
La localité d’Echichens est, déjà à l’origine, le résultat d’un grand métissage. En effet, une villa romaine se trouvait à Joulens, autour de laquelle s’était développée une agglomération qui s’étendait jusqu’à la limite du village de Monnaz. Elle fut plus tard agrandie par l’arrivée des Burgondes qui s’installèrent dans cette région, cohabitant avec les Helvéto-Romains et construisant des villages autour des villas existantes, comme c’était le cas à Joulens.
Bien plus tard, au 13ème siècle, au Signal (où se trouve le cimetière, depuis 1803), un village s’était formé avec, en son centre, une église paroissiale dépendante du chapitre de Lausanne et affiliée aux chapelles de Monnaz et de Morges. Cette dernière était alors en train de naïtre parmi les prairies humides du bord du lac.
Située au centre du village, et distincte de Joulens, la maison forte d’Echichens, dont Pierre d’Echichens fut, au 13ème siècle, le premier à prendre le nom, relevait des sires de Cossonay. Par la suite, cette terre fut divisée en plusieurs fiefs, qui virent défiler de nombreux seigneurs.
En 1777, François-Samuel Mandrot, pasteur de Morges, achetait le château et ses terres. Les Bourla-Papey, dans leur mouvement de révolte face au retour des anciens droits féodaux, brûlèrent la plus grande partie des archives, raison pour laquelle il reste aujourd’hui très peu de documents historiques. Subsistent les deux châteaux contigus (le petit et le grand) et deux de leurs anciennes dépendances : l’ancien bâtiment de la Fondation Silo et la "Ferme communale", ancienne ferme du château.
Monnaz
Si Muna est désigné pour la première fois en 1213 dans les écrits, la Seigneurie de Monnaz est réellement attestée à partir de 1453. Cette appellation est d’origine celte et signifie « eau ». Précisons que les terminaisons vaudoises en –az ou en –oz ne se prononcent pas. En effet, dans notre patois, dont certains noms tirent leur origine, on mettait des « a » (au féminin) et des « o » (au masculin), là où le français met aujourd’hui des « e ». Quant au « z », il s’agit d’une fioriture esthétique issue d’une ancienne habitude notariale… il faudrait donc prononcer Monne.
À la fin du Moyen-Âge, donc, la seigneurie de Monnaz est dépendante de celle de Montricher. Dans l’entremêlement dans jeux de pouvoir féodaux, la seigneurie passe successivement entre les mains de Guillaume de Vuillermin, qui en fait l’acquisition en 1580, puis de la comtesse Henriette Golowkin, épouse de l’ambassadeur de Russie en Hollande. La Seigneurie qui englobe alors les villages de Monnaz et de Vaux passe ensuite entre les mains de la famille des Mestral d’Arufflens, jusqu’à parvenir à la famille bernoise Freudenreich, dont certains membres résident encore aujourd’hui au village.
Au cœur du village, l’église occupe une place centrale dans la géographie quotidienne des habitants. Dès 1453, elle est affiliée à Joulens, puis, à partir de la Réforme, établie en 1536 dans le Pays de Vaud, elle est annexée à l’église de Morges. Ainsi, à l’exception d’une brève parenthèse entre 1846 et 1864, où le village faisait partie de la paroisse de Vufflens-le-Château, Monnaz fait partie de la paroisse morgienne.
Saint-Saphorin-sur-Morges
Sur les terres de Saint-Saphorin, existait un fief noble que tenaient primitivement les chevaliers du Saint-Saphorin, qui prêtaient hommage aux seigneurs de Cossonay, tous comme leurs voisins de Colombier.
Plusieurs seigneurs se sont succédé ici, parmi lesquels nous pouvons citer :
- Janin de Pesmes, de la lignée des Colombier, qui fut en 1404 le premier syndic de Genève ;
- François de Saint-Saphorin, qui fut chargé par le duc de Savoie de défendre Yverdon de l’invasion bernoise en 1536 ;
- Le général François-Louis de Pesmes qui prit part, aux côtés de l’empereur, à la guerre contre les Turcs. En 1697, il commanda la flottille impériale sur le Danube. C’est lui qui, se retirant à Saint-Saphorin, vers 1725, fit rebâtir le château du village. Sa fille épousa Gabriel-Henri de Mestral, dont les descendants sont encore propriétaires du château.
En 1802, Louis Reymond, chef des Bourla-Papey, rédigea et signa le manifeste de la révolte des paysans au collège de Saint-Saphorin. À cette occasion, il réunit également ses troupes dans l’intention d’attaquer l’arsenal de Morges. Comme dans d’autres villages de la région, de nombreuses archives furent brûlées lors de cette révolte, raison pour laquelle les ressources concernant l’histoire de ce village sont éparses.
Parmi les personnalités originaires de la commune, nous pouvons finalement citer Marc Ruchet, conseiller fédéral, né à Saint-Saphorin en 1853 ; ainsi que Georges de Mestral (1907-1990), l’inventeur du Velcro – acronyme de VELours à CROchet –, une inventions qui lui fut inspirée par les crochets du fruit de la bardane.